En juin 2017, le Groupement des Cartes Bancaires CB annonçait le lancement du « LAB by CB » pour « imaginer le commerce et le paiement de demain », en élargissant la notion de « commerce » à celui d'échanges, de relations, de transactions quel que soit le secteur d'activités. De plus, les relations entre les territoires et ses habitants sont aussi anciennes que celles établies entre le commerce marchand et les consommateurs. C'est tout cela qui explique l'adhésion de CB à l'ADCET.
Explications par Loÿs Moulin, directeur du développement du Groupement des Cartes Bancaires CB.
Dès le départ, CB avait dans son tiroir trois projets en phase de tests : la carte sans contact avec un capteur d'empreintes digitales intégré ; le commerce « conversationnel » utilisant le Facebook Messenger et le chatbot d'un commerçant ; La borne de jeux « micro-dons » qui permet d'aider une association caritative.
ADCET : Quelle est l'activité principale du LAB by CB ?
Loÿs Moulin : il faut revenir quelques années en arrière : CB a été créé en 1984 avec entre autre l'objectif politique de valoriser une innovation française et sa filière industrielle : la carte à microprocesseur. Celle-ci s'est depuis imposée dans tous les secteurs de la vie économique et sociale : banque, santé, transports, contrôle d'accès... L'idée du LAB by CB remonte à trois ans : Il s'agit de disposer au sein de CB d'un outil efficace permettant d'améliorer notre capacité de détection, de réaction et d'anticipation des innovations les plus prometteuses pour les paiements digitaux de demain.
Au quotidien, il s'agit de travailler avec tous les acteurs de l'écosystème : industriels, start-ups, commerces et bien entendu nos banques membres pour identifier les axes de recherche, mettre en place des ateliers d'idéation dans le cadre d'une démarche d'open innovation, lancer des projets avec des partenaires pour des Proofs of Concept (POC), des tests d'usage, le cas échéant des pilotes terrains. Pour illustrer avec un projet concret, les premières réflexions CB sur la carte sans contact avec capteur biométrique intégré datent de 2015. Elles ont donné lieu à des échanges avec les industriels en 2016. Le Lab by CB a permis de structurer un véritable projet avec le développement d'un prototype, un test d'usage avec un panel d'utilisateurs et de tester leur appétence et leurs éventuelles réticences. Les étapes suivantes pour 2018 prévoient le développement d'un POC et le lancement d'un pilote terrain avec de vrais clients porteurs et commerçants. Si le pilote terrain est concluant, nous pourrons proposer ce nouveau concept de carte à nos membres.
Nous avons fait de même avec la carte à cryptogramme dynamique. L'idée avait germé chez nos ingénieurs et nous avons d'ailleurs déposé un brevet en Europe. Depuis les pilotes ont été réalisés et c'est aujourd'hui un produit commercialisé par plusieurs banques membres auprès de leurs clients. A l'époque CB ne disposait pas encore de son LAB by CB. Celui-ci aurait très certainement permis d'accélérer le processus de mise au point et de passage de l'idée au produit commercialisé.
Désormais, ce type de démarches sera réalisé dans le cadre du LAB by CB.
C'est pourquoi, le LAB by CB est un "incubateur" d'idées qui va se traduire par l'apport du savoir-faire technologique et industriel de nos partenaires, en un produit d'abord testé, puis proposé à nos membres s'il a passé avec succès tous les tests portant tant sur la technicité, la sécurité que son acceptabilité par les utilisateurs porteurs et commerçants .
ADCET : Quelle est votre stratégie pour faire évoluer le paiement par carte bancaire ?
L. M. : Les innovations dans le domaine du paiement ont souvent vocation à répondre aux besoins du commerce, à accompagner ses propres innovations et plus généralement celles des transactions électroniques et ce, pour la plus grande satisfaction des utilisateurs. Par exemple : le LAB by CB s'intéresse aux chatbots tout simplement parce que les messageries instantanées sont les prochains canaux de distribution digitale des e-commerçants auprès de leurs clients
L'un des axes de réflexion du LAB by CB est de se concentrer sur les modes de paiement adaptés aux nouveaux parcours d'achat que les commerçants et les organisations mettent en œuvre.
ADCET : qui sont vos partenaires ?
L. M. : Au cours de la première année du LAB by CB, nous avons surtout travaillé avec les grands industriels de la monétique et initié des relations plus étroites avec les start-ups en lançant notamment un challenge d'innovations dans le cadre de VivaTech 2017. En 2018, nous devons développer des projets concrets d'open innovation avec des commerçants de différentes enseignes et nos banques membres. Notre nouveau Conseil Consultatif Commerce qui associe des fédérations représentatives du commerce, des enseignes et des banques CB travaille de concert avec le LAB by CB pour «idéater ensemble », détecter des candidats pour développer des POC.
L'objectif que j'ai assigné pour 2018 est de dépasser la réalisation de prototypes en laboratoire pour développer des POC et des expérimentations réelles avec des industriels, des commerçants et des banques. Par exemple, le chatbot Facebook Messenger prototype intégrant le paiement CB et Paylib développé en 2017 avec Wordline doit entrer en 2018 dans une seconde phase de test terrain avec un e-commerçant et ses clients intéressés à éprouver ce nouveau parcours d'achat. Le principe de ce parcours d'achat est de proposer au consommateur un dialogue avec le bot Messenger, où il va préciser ses choix, valider son panier, et payer avec Paylib ou sa carte bancaire.
ADCET : vous allez bien au-delà d'un Lab classique ?
L. M. : C'est bien ça la spécificité du LAB by CB. Nous ne nous limitons pas au périmètre du laboratoire. Notre vocation est d'aller vers les utilisateurs commerçants et les clients des banques pour incuber des innovations et contribuer, pour celles qui le justifient, au développement d'une offre que les banques membres de CB pourront développer.
ADCET : vous utilisez le terme de commerçant. En quoi les Territoires peuvent-ils être concernés ?
L. M. : En réalité, nous nous intéressons à toute organisation qui gère des transactions électroniques sécurisées associées à une relation client ou usager. Dans notre jargon, nous utilisons le terme "accepteur". Le territoire est un microcosme où se côtoient tout type d'accepteur : commerçant, service public, service aux usagers...
ADCET : pour quelles raisons avez-vous renouveler votre adhésion à l'ADCET ?
L. M. Nous cherchons à développer des collaborations avec d'autres secteurs qui traitent quotidiennement des transactions électroniques de paiement. Aujourd'hui, le transport nous paraît un axe particulièrement important à développer. La première proposition porte sur le thème de l'Open Payment. Dès 2018, il est prévu un certain nombre d'expérimentations et de déploiements dans les métropoles volontaires.
C'est un premier axe de proposition de valeurs que le secteur de la carte bancaire fait au monde du transport dans le cadre du renouvellement de la billettique notamment pour faciliter les transports des voyageurs occasionnels.
Au delà de l'Open Payment, il existe d'autres synergies à développer avec les opérateurs de transport et les métropoles qui peuvent se présenter sous différentes formes. Dans ce domaine, nous sommes dans une phase exploratoire. Il s'agit de définir quelles sont les problématiques des territoires dans le domaine du paiement associé aux cartes multiservices et quels sont les cas d'usage où une collaboration avec CB pourrait apporter des solutions. Et ce afin d'améliorer le service rendu à l'administré par la collectivité territoriale.