Payer, demain, nos achats avec nos téléphones portables : tel est le projet de l’association « Payez mobile », qui rassemble des opérateurs de téléphonie et neuf banques. Et demain n’est pas si loin, puisque l’objectif est d’initier ce service d’ici à la fin 2009. Une expérience est d’ailleurs en cours depuis novembre 2007 à Caen et Strasbourg. Un millier de volontaires ont reçu un téléphone doté d’une technologie sans fil à courte portée (une dizaine de centimètres) baptisée NFC (Near Field Communication). Il suffit de l’approcher d’un terminal de paiement compatible pour régler les achats. Ce test n’est pas une première en France et en Europe, et 380 000 terminaux sont déjà en place au Japon.

Ces appareils cibleront en priorité les petites transactions. L’argumentaire de leurs promoteurs met d’ailleurs en avant le fait d’avoir toujours un porte-monnaie avec soi (car on oublie de plus en plus rarement son portable) et de ne jamais manquer de monnaie. « Mais lorsqu’on se contente de proposer de dématérialiser la monnaie sans apporter de services supplémentaires, cela ne fonctionne pas ! » commente Olivier Meric, directeur général de BMS-Moneo. Ce pionnier du porte-monnaie électronique a dû recentrer ses activités sur les distributeurs automatiques ou le stationnement, après l’échec initial de son produit. Des services, il devrait y en avoir à la pelle sur ces mobiles NFC. D’ailleurs, des groupes de travail tels qu’Ulysse (Basse-Normandie) ou Ergosum (Nord-Pas-de-Calais) œuvrent à développer pour eux un système de billets de transports publics pour le premier, et de paiement et de gestion de cartes de fidélité dans la grande distribution pour le second. Ultérieurement, ces mobiles NFC géreront probablement aussi les tickets de cinéma.

Mais une kyrielle de services ne garantit pas une adhésion du public. D’autres aspects, tels que la sécurité, devront être considérés. « Les téléphones NFC sont aussi sécurisés que des cartes bancaires », assure Jérôme Sion, directeur des activités « mobiles sans contact » au sein de la société de sécurité numérique Gemalto. Mais ces téléphones induisent un nouveau risque : le « télé-pickpocketing ». Un terminal de paiement clandestin qui vous effleurerait dans le bus ou le métro pourrait vous délester discrètement d’une poignée d’euros. En effet, dans les tests de Caen et Strasbourg, seuls les montants supérieurs à 20 euros sont soumis à la saisie d’un code. Autres problèmes, le tarif auquel sera facturé ce service et la confidentialité des transactions. Sans parler de détails techniques : quid lorsque la batterie du portable vous lâchera devant la caisse ? La monnaie a encore de beaux jours devant elle.

Paru dans Libération du 9 janvier 2009