Source : www.01net.com, le 18 novembre 2005, Stéphanie Chaptal.

Avec deux expérimentations en cours, la France teste le paiement sans contact... Avant une généralisation souhaitée par les grands émetteurs de cartes bancaires.

Pendant six mois,200 habitants de Caen paieront leurs achats et leurs places de parking grâce à une puce sans contact cachée dans leur téléphone. D'ici à la fin du mois de novembre, en Ile-de-France, une douzaine d'agents RATP puis une centaine d'abonnés à Bouygues Telecom se serviront de leur mobile pour acheter des titres de transport virtuels, puis pour passer les portillons. Encore à un stade pilote, ces deux expériences montrent que le paiement sans contact n'est plus tabou en France. La technologie a pourtant longtemps été décriée pour son manque supposé de sécurité.

« En France, la sécurité prime et on s'accroche au code confidentiel, explique Charles Copin, expert en monétique et fondateur du salon Cartes. De plus, pour l'instant, le mode sans contact n'est pas assez rapide pour réaliser des transactions bancaires complètes [qui nécessitent une connexion entre le commerçant l'établissement financier, NDLR] en moins de 100 millisecondes. »

En revanche, la solution est bien adaptée aux petits paiements de moins de 20 euros, qui ne nécessitent aucune autorisation. C'est le cas du porte-monnaie électronique Moneo, qui peine à séduire les Français. Dès l'an prochain, BMS, la société éditrice, et Applicam, intégrateur spécialisé dans les cartes de ville, sortiront une version sans contact de Moneo. Outre le porte-monnaie, ces cartes utilisées dans les municipalités ou les universités auront d'autres applications : contrôle d'accès, carte de fidélité, accès aux transports en commun...

Éliminer les paiements en espèce

Cette décision de passer au paiement sans contact n'est pas une affaire franco-française. Il s'agit plutôt d'une tendance internationale venue des grands émetteurs de cartes bancaires : American Express (ExpressWay), MasterCard (PayPass) et Visa (Visa Waiver). Depuis 2002, les trois groupes ont lancé leurs programmes mondiaux pour développer ce type de paiement grâce à des puces insérées dans les cartes bancaires.

En Europe, ceux-ci s'intègrent au comme une option. Pour Bruno Carpreau, vice-président de MasterCard Europe : « PayPass est une proposition, non une obligation. Nous voulons rendre les paiements par carte plus conviviaux et plus rapides pour s'attaquer à des circonstances où le paiement en espèces reste privilégié : restauration rapide, péages d'autoroute, cinéma, stade, parking, épiceries. »

Craignant un échec similaire à celui de Moneo, les grands émetteurs de cartes veulent séduire l'utilisateur, sans effrayer ni les commerçants, ni les banques. « Nous destinons le paiement sans contact à des transactions de moins de 15 euros sans authentification par code. Toutefois, il ne s'agit pas d'ajouter un porte-monnaie à la carte, mais bien d'effectuer une transaction Visa classique, affirme Guido Mangiagalli, de Visa Europe. Nous sommes en train de travailler sur une offre commerciale adéquate pour que les commerçants préfèrent les achats sans contact à la manipulation de monnaie et pour que les banquiers aient un intérêt financier à le proposer à leurs clients. » En attendant, la société lancera un premier pilote en mars 2006, en France et en Angleterre, avant d'envisager une généralisation du système fin 2007.